vendredi 11 mars 2011

Libye: non-assistance à peuple en danger

© AFP
James Clapper, directeur des services de renseignement américains, a déclaré jeudi devant le Congrès que la révolution libyenne avait de grandes chances de ne pas aboutir. Pour beaucoup, le vent a tourné en Libye, soufflant maintenant vers la poupe d'un Kadhafi qu'on croyait sur la fin il y a encore peu de temps. Après des semaines atermoiements, certaines puissances occidentales, États-Unis en tête, semblent prêtes à tourner tels des girouettes avec ce vent du destin. Encore quelques jours de progression des troupes loyales à Kadhafi, et nos diplomates adorés expliqueront que les appels au départ du dictateur n'étaient que des injonctions qui pourront être oubliés sans difficultés, moyennant quelques gestes insignifiants de la part du guide de la révolution. 

L'affaire est-elle donc entendue? La révolution libyenne restera-t-elle dans l'histoire comme un essai non transformé? Je ne pense pas, et je suis même convaincu qu'il est plus que jamais temps d'agir. Arrêtons cette diplomatie de petits garçons peureux, qui tremblent comme des feuilles à l'idée de déclarer "la guerre" (oups, le mot est lâché) à un dictateur (un vrai, un dur, un tatoué) qui massacre son peuple et n'hésitera pas à le réprimer plus durement encore si son retour victorieux est confirmé.

Quitte à contourner l'opposition de la Chine et de la Russie à une option militaire, le conseil  européen de ce  vendredi doit acter enfin la mise en place de la zone d'exclusion aérienne demandée par les forces insurgées libyennes. Par ce biais, il faut empêcher l'aviation militaire pro-régime de pilonner les courageux rebelles qui n'ont en main qu'un armement limité, sûrement pas aérien, et dont ils savent à peine se servir. La loi internationale de l'inertie actuellement en vigueur est la loi du faible, et il faut y mettre un terme. 
Bien évidemment, il n'est pas question de voir la solidarité démocratique internationale se manifester via ce fameux droit d'ingérence qui légitimerait l'intervention étrangère de troupes terrestres sur le sol libyen. Aucun des deux camps, insurgé comme occidental, ne gagnerait quoi que ce soit dans cette option. Les premiers se verraient voler leur révolution là où les seconds se feraient tailler un costard tout neuf de puissance coloniale. A l'opposé, les principes qui légitiment la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne sont à mes yeux plus clairs. Il s'agit d'une part de démontrer que la solidarité internationale n'est pas qu'un concept et qu'elle existe entre les peuples qui aspirent à cette valeur fondamentale qu'est la liberté. L'autre enjeu est de mettre en œuvre dès maintenant un principe simple mais fort, qui n'existe pas aujourd'hui dans le droit international, celui de non-assistance à peuple en danger.


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