mardi 23 novembre 2010

Irlande: plan d'aide ou erreur médicale?

© REUTERS

Les démentis répétés du gouvernement irlandais de la semaine dernière n'ont pas réussi à noyer le poisson. Le système bancaire de ce pays est bel et bien en mauvaise posture. Avec un déficit record, de l'ordre de 32% de son PIB, l'Irlande est dans l'incapacité de renflouer ses banques au bord du crash. C'est donc les copains européens et le FMI qui vont mettre la main à la poche et transfuser entre 80 et 90 milliards d'euros dans un malade hospitalisé pour une durée de 3 ans. Qui plus est, une bonne vieille cure d'austérité va être appliquée aux finances publiques irlandaises. 

La saignée: disparue en médecine, elle reste à la mode en économie

Est-ce bien d'une cure dont ce malade à besoin? Est-il vraiment utile de réhabiliter des vieilles recettes comme la saignée sur un malade déjà aussi patraque? On ne compte plus le nombre d'observateurs et d'économistes qui démontrent chaque jour un peu plus que la course européenne aux mesures d'austérité est contre-productive. Michel Aglietta a encore rappelé dans Le Monde que, selon une étude du FMI, "pour un effort d'austérité de 1 % du PIB, il y a un effet de contraction de la croissance du PIB de 0,5 % au bout de deux ans". Les mesures d'austérité sont donc bien procycliques, c'est à dire qu'elles accompagnent et amplifient le malaise de nos économies plutôt que de les remettre sur pied. Ajouter à cela le fait que tous les États se tirent cette balle dans le pied au même moment, et autant dire que ça ne nous ramènera pas le plein-emploi de si tôt.

Frugalité? Non, fiscalité!

"Croyez-moi madame, ce traitement est fiable. Hého! Madame ?"
Pas question pour autant de jouer le bisounours innocent. Car l'Irlande a bel et bien merdé sur une bonne partie de la ligne. N'oublions pas en effet que les banques irlandaises se sont bien gavées avant 2008 sur les bulles spéculatives de l'immobilier et de l'endettement des ménages qui ont menées ce pays au bord du gouffre. N'oublions pas encore que ce sont les pouvoirs publics irlandais qui ont fait pendant des années le choix délibéré du dumping fiscal européen en établissant un taux d'imposition sur les sociétés particulièrement faible (12,5% contre un peu plus de 33% en France). Bref, l'Irlande avait bien cru nous la jouer à l'envers sans en payer un jour les conséquences. 

Pour autant, ce n'est pas un plan d'austérité qu'il faut faire avaler de force au malade quitte à empirer encore son état. C'est plutôt l'obligation de durcir sa fiscalité sur les sociétés, de la faire converger avec celle de ses partenaires, et l'imposition de règles drastiques de contrôle de son système bancaire qui doivent être administrées à l'Irlande. Mais pour cela, encore faut-il une  véritable politique européenne de mise en place d'une fiscalité commune. Sur ce point, interrogeons nos gouvernements. Réponse actuelle: "La volonté politique que vous  avez demandé n'est pas disponible actuellement, merci de renouveler votre appel à une Europe forte ultérieurement".

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