samedi 21 juin 2014

Lettre à Camille

Facebook m'a permis de découvrir la lettre ouverte que la comédienne jeune et marrante Camille Chamoux(lox, ok je sors) a adressé la semaine dernière à François Hollande au sujet des intermittents du spectacle. Je vous invite à la lire ici
Très bien écrite et même rafraichissante dans sa forme, ce véritable appel du 18 juin (date de sa publication) change des tribunes pompeuses et autres tracts surchargés de caractères et d'arguments proclamés à l'ancienne. 

Sur le fond cependant, cette lettre méritait quelques apports ou corrections. Ça méritait bien de ressusciter mon blog mis au frigo depuis plus de 2 ans, et qui pique toujours autant les yeux. 

Ci-dessous ma réponse à Camille.
(Bon je sais, c'est pas à moi qu'elle l'a envoyé à la base, et je me prends pas pour le président, mais lisez et pis vous comprendrez, hein? non mais...).

Chère Camille,

J'ai trouvé ton texte sur la sauvegarde du régime des intermittents très bien écrit. Il m'a touché.
Je ne suis pas président de la République (moi non plus je ne le serai jamais), mais permets-moi de te répondre en proposant quelques évolutions au texte. Je n'ai pas la prétention de le rendre plus touchant, sans doute pas plus drôle non plus, mais peut-être un peu plus pertinent encore.

Je trouverais en effet ton appel plus fort encore si tu appelais les pouvoirs publics à:
- assurer le financement de la culture et donc des moyens pour sécuriser les parcours des travailleurs de la culture.
- agir avec fermeté contre les patrons de la culture et surtout de l'audiovisuel qui profitent du régime des intermittents pour ne pas payer de charges sociales.
- S'assurer que tous les "permittents", ces ouvriers et techniciens intermittents qui travaillent au jour le jour pour le même employeur, soient embauchés en contrats permanents. Je suis sûr que, comme moi, tu ne trouves pas normal que ceux qui donnent vie aux marionnettes des Guignols de l'Info soient intermittents alors même qu'ils bossent du lundi au vendredi pour la même chaine.

Car le nœud du problème est là Camille. 

Ce que tu demandes est plus que légitime mais ne peut être supporté par la seule assurance-chômage, et donc par les seuls salariés.
L'assurance-chômage versée par l'UNEDIC, et financée par l'ensemble des salariés du privé, ne peut pas être le "complément de revenu" dont tu parles ma chère Camille. C'est, comme son nom l'indique, une "assurance" et elle doit couvrir un risque: le chômage. Pas les répétitions ou les travaux d'écritures, aussi utiles et nécessaires soient-ils pour nos enfants et notre société. 


Le régime des intermittents n'est pas en danger. En tout cas pas encore. Il le sera, c'est sûr, si les responsabilités ne sont pas prises et partagées par tous: l'assurance-chômage (qui l'assume déjà largement), les pouvoirs publics, et surtout maintenant les employeurs des secteurs de la culture. Ils disent être à vos côtés et vous les croyez. 

Ils vous mentent, et même vous trompent. 

C'est de tout ça que j'aimerais te parler Camille.