samedi 8 janvier 2011

Ce jour-là, nous étions la Génération Mitterrand

C'était le lundi 8 janvier 1996, et il devait être à peu près 13h45. Comme chaque jour, mes petits camarades de classe qui avaient passé le repas de midi chez eux revenaient au collège pour une après-midi de folies scolaires. Mais à la différence des autres jours, leur retour provoquait un bruissement inédit dans la cour et sous le préau. Ils étaient en effet porteurs d'une nouvelle que chacun s'empressait de partager et faire circuler. Je ne sais plus exactement qui m'a appris la mort de Mitterrand. Ce dont je me souviens, c'est que nous étions tous empressés d'en parler et donc touchés par cette nouvelle. 

Un repère de notre petit bout de vie venait de disparaitre. Nous sommes tous nés en 1982, c'est à dire après son élection, et il avait quitté le pouvoir même pas un an plus tôt. Nous n'avions vu que lui à la télévision. Que ce soit lors des vœux, des défilés du 14 juillet, des commémorations, des interviews ou du bicentenaire de la révolution, François Mitterrand avait constitué l'horizon indépassable de notre paysage politique d'adolescents pré-pubères. Tonton avait été LE président et nous réalisions ce jour-là que nous étions la "Génération Mitterand". Ce sentiment nous traversait quelque soit ce que nos parents avaient pu nous dire, de bien ou de mal, sur cet homme à l'allure de vieux sage. 

Cet après-midi de cours a dû passer comme une autre, je n'en garde pas de souvenir particulier. Après avoir passé une ou deux heures à l'étude, je suis rentré chez moi. Dans la soirée, j'étais posté devant le téléviseur familial quand débuta le générique du 19/20 de France 3. La marque "édition spéciale" annonçait la couleur d'une émission réservée à la mort de Mitterrand. Le générique laissa la place à une musique et un diaporama de photos en noir et blanc que je n'ai pas oublié et que j'ai redécouvert au hasard de Dailymotion. Il est là, conservé dans une archive télévisuelle quelque peu endommagée: mon souvenir le plus marquant de la mort de Mitterrand. J'avais 13 ans.

1 commentaire:

  1. C'était à l'époque où le mandat présidentiel durait encore sept ans. Mitterrand a donc été président pendant deux septennats, soit 14 ans, rejoignant ainsi une longévité politique qui est celle de nos anciens monarques.

    Il était d'ailleurs un "monarque" à sa manière, et c'est ainsi que je le considérais à l'époque : un vieil homme malade mais tout-puissant, inébranlable et indéboulonnable malgré le tumulte politique.
    C'était l'époque où Kermitterrand croassait sur TF1 : "Appelez-moi Dieu !" On adorait cela étant gamins, même si nous ne comprenions quasiment aucune des allusions politiques, bien entendu ...
    Un monarque donc, avec tous les abus de pouvoirs, les dérives, et l'usure du pouvoir liées à cette (trop) puissante fonction présidentielle qu'un certain François Mitterrand a si vivement combattue dans les années 1960.

    Les années 1981-1995 (et celles qui ont suivi) ont globalement été des années inutiles pour la France, et l'espoir de 1981 a très vite été trompé ...
    On peut être nostalgiques de l'époque (qui est celle de notre enfance), mais pas du personnage, dont le seul but et le seul bilan auront été la course au pouvoir personnel. De ce point de vue, Chirac et Sarkozy sont ses plus légitimes héritiers.

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