vendredi 3 décembre 2010

La Terre ne s'arrêtera pas de tourner en attendant 2012


2012. Voilà une date que l'on entend déjà résonner à toutes les sauces, dans toutes les bouches et sous toutes les plumes. A présent, me voilà moi-même piégé à faire cliqueter mon clavier sur ce thème.

Du côté du gouvernement et de sa majorité, la crise est terminée et on assisterait même selon eux à une reprise de l'emploi. Les paroles et les actes de cette droite repliée sur elle-même trahissent nettement la volonté de rassurer les marchés mais également les moins progressistes des français. Tout cela pour mieux préparer la "grande bataille" dont la date et le lieu ont déjà été fixés depuis longtemps. Le gouvernement de guerriers aux têtes de premiers de la classe désigné il y a peu est le meilleur exemple de cette mobilisation.

A gauche, la réalité sociale, économique et internationale est quasi-absente des discours. Après une brève accalmie, le débat d'égo et de postures éléphantesques a repris de plus belle au PS. 2012 est déjà affiché comme l'horizon indépassable. Pour preuve, la promesse de revenir sur la réforme des retraites qui a été faite alors même que le mouvement social n'avait pas encore dit son dernier mot. De son côté, la Gauche radicale nous ressort des discours aux accents qui sentent bon le formole type IIIème République avec de la "fureur", du "fracas" et autres conneries à profusion. 

Au centre? Rien de nouveau.

Tout cela m'exaspère. Mais pas question pour autant de jouer celui qui sait mieux que nos élites que la "France d'en bas" est agacée par ce "2012zisme" précoce. Non, car je suis convaincu que l'échéance présidentielle à venir est importante. Seulement, c'est sur le choix du terrain d'affrontement que je suis en désaccord. Pourquoi en effet faire de 2012 un terrain de débat en soi, presque hors du temps, quand la situation économique, sociale et politique offre chaque jour des opportunités de se positionner concrètement et de se frotter à la rigueur de la réalité.

Donner des perspectives aux 2 millions de salariés enfermés dans des jobs payés aux alentours du SMIC ; offrir une solution au million de jeunes chômeurs de moins de 30 ans et aux 700 000 jeunes qui arrivent chaque année sur un marché de l'emploi qui les boude ; résoudre la crise de l'Euro(pe); contrer la montée des nationalismes et trouver les budgets nécessaires à l'investissement et à l'innovation. N'y a-t-il donc pas assez de dossiers dans le monde de 2010 pour donner chair à un véritable débat? La Terre va-elle faire une pause dans sa révolution en attendant le moment fatidique?  Je ne pense pas mais une chose est sûre, les mayas se marreraient bien à cette idée.

S'il n'est pas déconnant que les grandes formations politiques s'affrontent à coup de conventions thématiques, je ne suis pas certain que l'enjeu de 2012 se limitera à une confrontation de bibles programmatiques. Le débat d'idées est bien évidemment essentiel. Mais s'y limiter sans confronter ce corpus au "ici et maintenant" risque de décrédibiliser l'action du Politique avant même sa mise en oeuvre effective.

Certes, le terrain de jeu actuel n'est pas des plus attrayants. La pelouse est inondée, les crampons pleins de boues, les arbitres (comme les marchés financiers) sont juges et parties, et la balle avec laquelle on est sensé jouer est en tissu, faute de budget. Pour autant, je suis certain que cette période est une opportunité pour ceux qui viendront bientôt nous taquiner le bulletin de vote. Car c'est dans l'adversité que les Français reconnaitront leurs futurs dirigeants*.

* Ce bon vieux Cicéron ne me reprochera sans doute pas cette paraphrase étant donné qu'il est mort depuis bientôt 2000 ans. Sans rancune Marcus!

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